L'hypnose est une technique méconnue qui mérite pourtant tout notre intéret. Que cela soit dans l'optimisation de performance ou dans la gestion des imprévus, l'hypnose regorge de solutions directement applicables pour déployer votre potentiel originel.
Dans cet article, nous nous interesserons aux champs d'application de l'hypnose dans l'entrainement et la performance sportive. Nous verrons pourquoi faire de l'hypnose quand on fait du sport. Quels sont les mécanismes neurophysiologiques entrainés par l'hypnose ? Quel est le principe de base de l'hypnose ? Qu'est ce qui rend l'hypnose si efficace ?
Les réponses dans l'article.
" Le cerveau hypnotisable, même hypnotisé, est comme n'importe quel autre cerveau - mais en mieux " John Kihlstrom (professeur émérite en psychologie, Université de Pennsylvanie).
Qu'est ce que l'hypnose ?
L’hypnose conduit à un état modifié de conscience dans lequel il y a une
dissociation psychique et une sensibilité à la suggestion plus accrue.
L’imagination et la créativité prédominent sur l’esprit critique et en
même temps l'individu focalise son attention sur des éléments importants
et pertinents tout en étant moins sensible aux éléments de
l’environnement qui ne le sont pas (Haag & Vinot-Coubetergues,
2014). L'hypnose facilite ainsi l’accès et le développement de
ressources personnelles.
Les athlètes sont continuellement en recherche de performance pour
élever leur niveau. Pour certains, l'accès à une carrière
professionnelle représente un objectif important. Ceci dit, plus les
athlètes deviennent forts et plus ils font face à de nombreux stresseurs
et des enjeux importants. La pression psychologique augmente pouvant
conduire à des revers sur la santé mentale (Allen & Hopkins, 2015).
Or, l'hypnose peut conduire à toute une série de bienfaits comme aider
les athlètes à se détendre pendant l'entraînement et la compétition et
les aider à contrôler leurs émotions (exemple : l'anxiété), les tensions
et à gérer le stress (Paccagnella, 2004). D'autre part, l'hypnose est
efficace pour améliorer les performances dans plusieurs sports tel que
le basket-ball, le golf, le football et le badminton (Milling &
Randazzo, 2016). Par exemple, une intervention d'hypnose de 10 minutes
peut améliorer la précision du lancer de balle de tennis jusqu'à une
semaine après l’intervention (Jalene & Wulf, 2014). En plus, c'est
un moyen simple et facile qui peut être utilisé en tout lieu et temps et
qui ne nécessite pas d'équipement.
L'hypnose permettrait
d'améliorer la suggestibilité des athlètes et conduire ces derniers à
restructurer des états et des processus cognitifs impliqués dans la
performance sportive (par exemple : confiance, attention, mémoire) et
susciter des comportements facilitant la performance. Les suggestions
qui sont faites (nommées hétéro- ou auto-suggestions selon qui les
donne) peuvent permettre aux athlètes d'améliorer et d'exploiter leur
potentiel mental et physique à travers une focalisation de l'attention
et une attitude mentale positive. Ainsi, l'hypnose agirait comme un
médiateur entre suggestions positives et conditionnement physique et
mental.
D'un point de vue neurofonctionnel, le degré de sensibilité d'un athlète
à l'hypnose influence le niveau d'activation du cortex moteur et
l'excitabilité du système corticospinal (lien entre le cortex moteur et
l'acte moteur). Et plus cette excitabilité est importante lors d'une
session d'imagerie motrice (par exemple, production de force) (Cesari et
al., 2020) plus la commande motrice destinée à ordonner la contraction
des muscles (malgré l’absence de geste moteur) est active. L'athlète
pourrait développer un meilleur contrôle moteur et donc optimiser les
mouvements impliqués dans l’élaboration de sa performance sportive.
En
plus, l'hypnose peut améliorer la qualité des capacités d'imagination
sur la relaxation, l'efficacité personnelle, l'acquisition de
compétences et la performance sportive (Liggett, 2000; Taylor et al.,
1993). Selon une revue systématique des techniques de relaxation en
sport (Pelka et al., 2016), dans les approches cognitives, l’hypnose est
l’une des techniques les plus efficace pour conduire un athlète à
développer un meilleur sentiment d’auto-efficacité personnel lors d'une
performance sportive (par exemple, 100m sprint, test VO2 max). Des
suggestions telles que "vous remarquerez peut-être que vous vous sentez
de plus en plus calme et de plus en plus agréable et que votre
respiration devient de plus en plus douce" ou encore "vous pouvez gagner
la compétition" peuvent avoir un effet positif sur les athlètes à la
fois psychologiquement et physiquement.
Les suggestions positives
données lors de l'hypnose peuvent aider à continuer à être motivé
malgré des stimuli désagréables (par exemple, douleurs aux jambes,
fatigue) en réduisant la perception de l’effort aidant ainsi à repousser
leurs limites. Lors de test de VO2 max, cette technique a déjà montré
des effets intéressants (Jackson et al., 1979). Dans cette étude, les
expérimentateurs ont utilisé l'hypnose pour donner des suggestions
post-hypnotique c'est à dire des suggestions dont l'effet se produira
après l'intervention en hypnose et plus précisément vis à vis d'un test
d'effort sur tapis roulant. Des suggestions de type instruction de
motivation telles que: "au fur et à mesure que vous commencerez à
ressentir un essoufflement, une sensation d'oppression dans les jambes
ou une sensation d'inconfort dans la poitrine, la gorge ou la bouche,
cela vous incitera à courir encore plus fort" ont été données. Résultat :
une plus grande capacité d'endurance a été trouvé. Légitiment on peut
donc se demander si l'hypnose permet de mieux gérer l'effort et
l'inconfort dans l'effort. A ce propos, l’hypnose fait partie des
techniques non médicamenteuse qui est recommandée par la Haute Autorité
de Santé (HAS) pour prendre en charge la douleur et favoriser une
meilleure gestion de l’impact émotionnel (Évaluation de l’efficacité de
la pratique de l’hypnose. Expertise scientifique réalisée par l’unité
Inserm U1178 à la demande du Ministère de la Santé (Direction Générale
de la Santé, Juin 2015).
D'autre part et spécifiquement en gymnastique, les peurs sont un obstacle à l'entraînement et aux compétitions et peuvent entraîner des troubles de la pensée chez les athlètes, une incapacité à se concentrer, des tensions musculaires, une augmentation du rythme cardiaque et de la respiration. Heureusement, l'étude de Reid (2017) a montré que l'hypnose peut soulager la peur, le stress, l'anxiété et peut être utilisée pour aider à faire face au trouble panique. Des suggestions de type : "vous êtes en sécurité malgré votre inconfort", "vous pouvez contrôler votre esprit" ou encore "lorsque vous ressentez la peur, chacune de vos respirations vous rend plus calme " rendraient les athlètes plus détendus.
Enfin, l'hypnose peut soulager rapidement la fatigue et restaurer la force physique. Des suggestions de type : "en état d'hypnose vos muscles sont complètement détendus et la fatigue se dissipe à chaque seconde" permettent de diminuer les sensations inconfortables chez l'athlète pour l'aider à se focaliser par la suite sur des sensations agréables et de relâchement. L'hypnose facilite la détente et la réorientation des pensées et des émotions. Orienter vers des suggestions de type : "dormir plus profondément" peut même faciliter l'endormissement des athlètes (Becker, 2015). Très utile pour ceux qui n'arrivent pas à dormir la veille d'une épreuve !
L’hypnose repose sur un principe simple : le client passe d’un rôle passif à une situation où il participe activement. Utilisée à bon escient, la méthode parvient à mobiliser d’immenses ressources corporelles. Palmer (2019) recommande que l'hypnose soit utilisée judicieusement en complément du coaching et de la pratique de la psychologie du sport pour améliorer les performances, réduire le stress et augmenter la relaxation. Pour illustration, une intervention régulière à l’hypnose (8 à 10 séances sur une période de 6 mois) permet de stabiliser les effets à long terme (études de Baker et Jones, 2010; 2013).
Toutefois, les études auxquelles nous nous réfèrons ont des limites identifiables : taille des échantillons trop faible questionnant la généralisation des résultats ; Des protocoles expérimentaux : souvent basés sur l’évaluation avant et après une intervention sans comparaison avec différents type d’intervention comme par exemple l’hypnose vis-à-vis de la fixation d’objectif ; Les expérimentations ne sont pas en double aveugles si bien que l’expérimentateur pourrait avoir influencé les participants lors des tests et les participants pourraient tellement s’attendre à obtenir des effets positifs que cela influence leur performance en post-intervention ; Le nombre d’étude explorant le lien entre hypnose et performance sportive est très limité ; Différences inter-individuelles : les différences individuelles dans le niveau de motivation intrinsèque pourraient expliquer une variabilité supplémentaire de l'activation du système corticospinal pendant l'état hypnotique.
Il y a donc besoin que les études scientifiques investissent davantage le lien être hypnose et performance afin de pouvoir faire reposer cette pratique avec ce public sur des recommandations fiables. Les données existantes sont donc à prendre avec précaution pour éviter de considérer l’hypnose comme un outil magique. Il reste encore du chemin à parcourir dans la compréhension des mécanismes. Néanmoins, les données peuvent également ouvrir la porte sur l’utilité de l’hypnose dans le sport alors…posez-vous confortablement, focalisez votre attention sur un point précis et…laissez vous embarquez dans l’exploration de cette technique.
Cet article a été écrit par Marvin Gaudino , Docteur en psychologie du sport et de la performance, Préparateur mental, Coach professionnel, Praticien en hypnose, Formateur optimisation de la performance et membre de l'équipe O.P.O Consulting.
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SOURCES:
- Allen, S. V., & Hopkins, W. G. (2015). Age of peak competitive performance of elite athletes : A systematic review. Sports Medicine, 45(10), 1431‑1441.
- Barker, J. B., Jones, M. V., & Greenlees, I. (2013). Using hypnosis to enhance self-efficacy in sport performers. Journal of Clinical Sport Psychology, 7(3), 228‑247.
- Barker, J., Jones, M., & Greenlees, I. (2010). Assessing the immediate and maintained effects of hypnosis on self-efficacy and soccer wall-volley performance. Journal of Sport and Exercise Psychology, 32(2), 243‑252.
- Becker, P. M. (2015). Hypnosis in the management of sleep disorders. Sleep medicine clinics, 10(1), 85‑92.
- Cesari, P., Modenese, M., Benedetti, S., Emadi Andani, M., & Fiorio, M. (2020). Hypnosis-induced modulation of corticospinal excitability during motor imagery. Scientific reports, 10(1), 1‑9.
- Haag, P., & Vinot-Coubetergues, M. (2014). L’hypnose d’inspiration ericksonienne. Les fondements des psychothérapies: Des origines aux neurosciences, Dunod, Paris.
- Jackson, J. A., Gass, G. C., & Camp, E. M. (1979). The relationship between posthypnotic suggestion and endurance in physically trained subjects. International Journal of Clinical and Experimental Hypnosis, 27(3), 278‑293. https://doi.org/10.1080/00207147908407567
- Jalene, S., & Wulf, G. (2014). Brief hypnotic intervention increases throwing accuracy. International Journal of Sports Science & Coaching, 9(1), 199‑206.
- Liggett, D. R. (2000). Enhancing imagery through hypnosis : A performance aid for athletes. American Journal of clinical hypnosis, 43(2), 149‑157.
- Milling, L. S., & Randazzo, E. S. (2016). Enhancing sports performance with hypnosis : An ode for Tiger Woods. Psychology of Consciousness: Theory, Research, and Practice, 3(1), 45‑60. https://doi.org/10.1037/cns0000055
- Paccagnella, M. (2004). Demystifying sports hypnosis. Sports Coach, 27(1).
- Palmer, S. (2019). Using hypnosis in coaching psychology practice to enhance performance, reduce anxiety and increase self-efficacy. Coaching Psykologi-The Danish Journal of Coaching Psychology, 8(1), 57‑70.
- Pelka, M., Heidari, J., Ferrauti, A., Meyer, T., Pfeiffer, M., & Kellmann, M. (2016). Relaxation techniques in sports : A systematic review on acute effects on performance. Performance Enhancement & Health. https://doi.org/10.1016/j.peh.2016.05.003
- Reid, D. B. (2017). Treating Panic Disorder Hypnotically. American Journal of Clinical Hypnosis, 60(2), 137‑148.
- Taylor, J., Horevitz, R., & Balague, G. (1993). The use of hypnosis in applied sport psychology. The Sport Psychologist, 7(1), 58‑78.
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